Et bien, tout d’abord, parce que !
Et puis peut-être aussi en raison de cette effroyable unanimité de la valetaille journalistique, de cet essaim d’esprits sans reliefs, persuadés de l’incroyable audace qu’il y a à ânonner le bréviaire de la déconstruction. L’on n’a jamais tant parcouru les ténèbres de la morale que depuis que l’on a prétendu s’en libérer. Tout cela pue la bêtise et l’ennui à plein nez, il est exclu de pardonner la forfaiture de l’uniformité.
Parce que l’on n’en peut plus de cette presse qui a lâché l’étrille pour la brosse à reluire, qui n’est plus qu’un instrument du pouvoir, à son image, fade, sous influence, entendu, garde-chiourme du vaste camp de concentration de la pensée unique
Parce qu’il y a aussi ce problème de vérité – je suis toujours recherché pour tentative de meurtre si j’interroge mon nom dans la machine – tel homme politique, le seul dans l’histoire à n’avoir jamais pris un jeton dans un conseil d’administration, traité comme un voleur, tel autre qui ne doit pas même connaître la trêve du deuil dans l’entreprise attentive de sa destruction. On agit sur mandat, par contrat, on traite, on exécute, on assène. L’on en perd son lectorat et puis l’on appuie des lois pour être nourri, logé et surtout blanchi par l’Etat. Voilà la presse aujourd’hui, ce bas clergé passé de la religion d’Etat à la religion de l’Etat, tout cela pour prêcher son monde le salut par la muselière.
Tandis que nos maîtres referment sans bruit la parenthèse de la libre expression sur les forum digitaux, le choix d’un média électronique indépendant s’impose d’autant plus, comme le signe d’un retour prochain de propriété des opinions. Sans exclure toute velléité de revanche, c’est d’abord la lassitude qui nous meut, l’espoir aussi, peut-être, d’un geste de résistance avant que de succomber. L’astre sombre des évidences rencontrant les cervelles épuisées.
Nous ne vous promettons rien, bien sûr, pas même de durer, sinon de ne jamais avoir l’odieuse prétention d’être neutres.
Le média est une arme, c’est certain, peut-être est-il temps de s’en saisir, fût-elle rudimentaire, ancestrale comme la vérité, et, qui sait, nous rendra-t-elle un jour, comme jadis, la liberté.
Adrien de Riedmatten